beouf le blog: septembre 2005

dimanche, septembre 11, 2005

j’aurais voulu être une vache –
une vraie vache avec des cornes et un museau –
j’aurais voulu être une vache –
une vraie vache qui paisse & qui pisse dans les pâturages –
une vache qui rumine –
une vraie vache qui rumine –

d’ailleurs je suis déjà une vache –
j’suis pas moi j’suis une vache –
une vraie vache de vache –
parce que je pense comme un bœuf –
comme un vrai bœuf que je suis –
je fore dans le réel avec ma pensée de bœuf –
ma pensée de beouf –
de b’œuf –
je pense avec mes cornes qui forent dans le réel –
je suis un vrai beouf –
un bœuf un vrai beouf qui pense tête baissée pour forer dans le réel –

je suis pas un beef un beaf un baef –
je suis un beouf une vraie vache qui paisse & qui rumine –
j’interprète pas je rumine –
je dilapide je diffracte –
je mâche mes p’tits segments –
je suis un beouf un vrai beouf –
& j’veux finir en steak haché –

j’pense comme une vache donc j’suis une vache –
ou j’suis un beouf un vrai beouf dans ma tête –
et j’veux devenir encore plus bœuf –
et d’ailleurs je ne suis pas qu’une vache je suis tout un troupeau –
tout un troupeau de vaches –
un vrai troupeau de beoufs –

j’suis pas qu’une vache –
j’suis déjà un steak haché –
j’suis un carré de steak haché dans mon pré –
& j’paisse en steak haché et j’pense en steak haché –
parce que je suis une vache –
un vrai troupeau de vaches –
un vrai beouf de bœuf –
un steak haché bien carré surgelé –

j’suis pas moi j’suis un steak –
un vrai steak haché de beouf qui paisse dans son pré carré et surgelé –
je suis une vache –
une vraie vache dans son pré carré –
et je paisse avec les beoufs mon troupeau de beoufs mon troupeau surgelé dans son mètre carré –

j’ai des segments de steak haché dans mon ADN –
dans mon pré carré dans ma pensée surgelée –
des fragments d’ADN de steak haché déjà dans ma pensée de vraie vache qui paisse avec son troupeau –
alors j’me délite –
j’me fragmente & j’délite –

j’suis une vache une vraie vache –
et j’délite –
j’délite & j’segmente des litres et des litres –
parce que je suis une brique –
une vraie brique de lait bien carrée –
je suis pas moi j’suis une brique –
une vraie brique qui passe au travers des carreaux –
des carreaux carrées –
des carreaux carrés des rayons surgelés –
parce que je suis pas une bique j’suis une vache –
c’est-à-dire une brique –
une vraie brique qui paisse avec son troupeau –
une brique bien carrée pasteurisée dans son pré –

j’ai des fragments de steak haché j’vous dis –
des fragments qui s’diffractent –
des segments d’ADN de steak haché dans ma brique de lait –
alors j’suis pas moi –
j’suis plus moi –
j’suis une brique qui passe au travers des fenêtres carrées –
des p’tites fenêtres carrées de mes séquences d’ADN dans les rayons surgelés –

j’suis pas une vache j’suis un beouf –
un vrai beouf qui bouffe avec son troupeau –
et j’pense –
et j’pense comme je peux dans mon p’tit pré carré –
dans ma brique de steak haché du rayon surgelé –
et j’pense –
et j’pense que j’suis une vache –
une vraie vache dans son pré qui paisse et qui pisse –
une vache carrée une vraie brique qui passe –

j’suis une vache –
puisque j’vous dis que je passe et qu’je paisse –
j’paisse comme du lait écrémé –
j’pense comme du steak haché qui paisse dans un pré –
dans son p’tit pré carré –
je pense comme une vache une vraie vache avec son troupeau de beouf qui bouffe –
j’suis pas une vache je suis un steak haché en brique de lait qui diffuse de la pensée en boite – alors j’diffracte mes segments d’ADN de vache de vrai beouf –
et j’segmente ma pensée diffuse en brique de lait –
parce que j’suis un steak haché –
bien carré dans son pré –
dans son rayon surgelé.

Récapitulons :
Journal intime d'une vache hollandaise.
(Ou d'ailleurs.)

C'est ainsi que je suis parti, disais-je.
Donc.
Ai fait le tour de la voiture, ai ouvert la portière, ai pénétré dans l'habitacle, ai trouvé la position assise face au volant confortable, ai introduit la clé, puis tourné pour démarrer, ai passé une vitesse, ai pas oublié de mettre la cienture de sécurité, puis suis parti.
Comme ça.
Pour aller travailler.
Et j'ai pensé une fois de plus, en débrayant dans un virage : je consomme trop, vraiment je consomme trop.

Alors j'ai décidé d'être une vache.
J'ai décidé d'être un boeuf, un vrai boeuf.
Un vrai petit boeuf en barquette.

Parce que je consomme trop.
Parce que j'suis déjà un boeuf, un boeuf, un boeuf,
un vrai beouf de boeuf.

C'est comme ça que ça a commencé.

vendredi, septembre 09, 2005

Je sais que je consomme trop.
Je sais.

Enfin, j'ai acheté du boeuf en barquette.
Une barquette de morceaux de boeuf, c'est ce que j'ai acheté.

Du bon boeuf. Du vrai bon boeuf.
Pour manger.

J'ai mangé du boeuf.
J'ai bien mangé.
J'ai bien aimé manger le boeuf.
J'ai mangé du bon boeuf.
Le boeuf était bon.

C'était du bon boeuf que j'ai mangé.
Il était bon ce boeuf.
C'était un bon boeuf.
J'aime le boeuf.
Je mange du boeuf.
Et je mange du bon boeuf.

Ce soir, je mange du boeuf.
Je sais.

Je consomme trop.
Je sais que je consomme trop.
Et je consomme trop.
Je sais.

En fait, hier, j'ai acheté du boeuf.

Ce soir, je mange du boeuf.

Je concomme trop, c'est évident.
Je suis parti, comme ça, sans rien dire.
J'ai ouvert la porte, et puis je l'ai refermée derrière moi.
J'ai marché.
J'ai descendu les escaliers.
J'ai marché encore.
Jusqu'à la voiture.
Comme ça.
D'un simple mouvement des hanches.
Un pas après l'autre. Un pas puis un autre.
Puis un pas
Puis un autre.
Et puis j'ai arrêté de marcher.
Vraiment j'ai arrêté de marcher.
J'ai vraiment arrêté de marcher, à ce moment-là.
Parce que c'est plus compliqué.
Je me suis rendu compte que marcher c'était vraiment compliqué.
Alors je me suis bloqué, un moment.

Je consomme beaucoup trop, c'est certain.
J'ai marché. J'ai beaucoup marché. J'ai vraiment marché, avant même de partir.
J'ai marché un pas après l'autre. Un pas, puis un autre. Puis un pas, puis un autre. Tout simplement. Par déhanchement.
J'ai marché comme ça jusqu'à la salle de bains.
J'ai marché comme ça jusqu'à la cuisine.
J'ai marché comme ça jusqu'aux toilettes.
J'ai marché comme ça jusqu'à la salle de bains encore.
J'ai marché comme ça jusqu'à la cuisine encore.
J'ai marché comme ça jusqu'aux toilettes encore.
Et puis je suis parti.
Un pas après l'autre. Un pas puis un autre. Un pas après l'autre.
Comme ça.
Jusqu'ici.
Je suis parti jusqu'ici.
Comme ça.

Je consomme trop, c'est sûr.
Ce matin, quand le réveil a sonné, j'ai gardé les yeux fermés, et puis j'ai cherché du bout des doigts le petit poste de radio sur la table de chevet, pour en arrêter le bourdonnement.
Et puis j'ai allumé la lampe. Et puis j'ai repoussé la couette de mon lit pour m'en dégager. Et puis j'ai mis un pied au sol. Et puis je me suis levé. Et puis j'ai marché.
Et puis j'ai marché.

Je consomme trop.
Vraiment je consomme trop.
C'est ce que je me suis dit ce matin, en me levant, vers six heures vingt.


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