beouf le blog: novembre 2005

dimanche, novembre 27, 2005

Hypothèse.

Pour un beouf, la poésie serait tout et n'importe quoi, et de préférence n'importe quoi ;
mais pour un boeuf, un véritable boeuf, elle serait comme une rumination, un mérycisme du sens : un travail de découpage, de malaxage, de distorsion, de glissement, de réagencement des éléments symboliques pour libérer d'autres modalités de subjectivité : un champ, quoi... un vrai champ pour un beouf, pour un vrai beouf...

samedi, novembre 26, 2005

Des fois le matin je me lève
et puis je me rassois
un peu plus loin je me rassois
un peu plus loin que je me suis levé
je bouge plus je reste comme ça sans bouger sur ma chaise
parce que je me suis déjà levé
je me dis que je me suis déjà levé et que je suis bien sur ma chaise sans bouger
alors je bouge pas
je reste des heures sans bouger
assis sur ma chaise
des heures à ne pas penser
à ne pas penser du tout
à ne pas penser que je pourrais me lever
alors je reste assis et j'oublie de penser à penser à me lever
alors je reste sur ma chaise dans le vide de ma pensée qui oublie de penser qu'il faudrait que je pense à me lever
pour faire quelque chose de la journée
pour bouger
pour faire bouger quelque chose de la journée
mais je reste sur ma chaise
et je pense à la chaise sur laquelle je reste et qui ne bouge pas elle non plus
et qui pense sans doute autant que moi
qu'il faudrait penser à bouger
et qui ne bouge pas non plus parcequ'elle ne pense pas non plus
qui ne pense pas non plus à penser à bouger pour le reste de la journée.

Des fois je regarde ma chaise
la chaise sur laquelle je suis assis
je pense à ma chaise
et je pense que ma chaise pense à moi qui ne bouge pas
et je pense qu'elle pense que je l'empêche de bouger en restant assis à penser à bouger pour le reste de la journée
alors j'retourne me coucher
et je la laisse toute seule à penser
à penser d'essayer de bouger toute la journée.

jeudi, novembre 24, 2005

Pourtant j’suis un bœuf, j’me fous des oiseaux.

J’suis un beouf, un vrai beouf forclos dans son champ,
j'suis pas un oiseau.

J'me sens pas bien.
J'vois des oiseaux partout.

dimanche, novembre 20, 2005

Par exemple je serais un parcmètre,
un joli parcmètre dans sa rue,
à sa place,
bien à sa place,
et je ne bougerais pas ;

ou mieux je serais un horodateur,
un bel horodateur,
près d'un parc par exemple,
au coin de la rue,
et j'attendrais
comme ça,
tout seul,
et puis je penserais à rien
comme ça
simplement j'horodaterais avec les autres horodateurs qui horodatent aussi au coin de leur rue comme moi,
sauf que moi par exemple je saurais que je suis un horodateur qui horodate à ses heures réglementaires au coin de sa rue près d'un parc par exemple,
c'est-à-dire que je saurais que je sais que je suis un horodateur qui horodate à ses heures quand il faut horodater,
qui se souviendrait parfois qu'il est un horodateur qui horodate comme les autres horodateurs du quartier aux mêmes horaires réglementaires que les horodateurs du quartier,
comme ça,
et j'éviterais de penser,
parce que je serais un horodateur conscient,
bien conscient,
un horodateur éveillé comme les autres plantés là au coin de leur rue,
conscient d'être conscient d'être un horodateur à ses heures,
et je serais bien là,
planté à ma place,
à mes heures fixes,
à horodater comme un horodateur horodate,
et je penserais pas,
je serais un horodateur bien vivant,
et parfois je penserais plus que je suis un horodateur,
j'horodaterais quand même mais j'oublirais que j'horodate,
alors je penserais pas,
je penserais plus,

Quelque chose comme ça.

vendredi, novembre 11, 2005

Moi aussi, je tiens mon journal intime.
C'est ce que m'a dit ce matin même la petite cuiller avec laquelle je remuais mon café, me regardant d'un air franchement convexe franchement concave
franchement concave franchement convexe,
comme une petite cuiller.
Je n'ai pas fait attention : j'ai remué mon café et j'ai pensé aux réverbères.
C'est con un réverbère c'est ce que je me suis dit en tournant ma cuiller dans mon bol de café un réverbère c'est vraiment trop con faut pas penser aux réverbères faut oublier les réverbères c'est ça que je me suis dit oublie les réverbères pense plutôt pense plutôt en tournant ma petite cuiller dans mon bol de café
alors j'ai pensé
j'ai pensé
j'ai beaucoup pensé
j'ai pensé comme personne peut penser qu'on peut penser
j'ai pensé qu' un réverbère c'était pas si con de s'allumer comme ça le soir
un réverbère comme ça de s'allumer le soir jusqu'au matin c'est pas si con un réverbère, c'est même nettement mais nettement moins con qu'une cuiller qu'on tourne dans un bol de café
alors j'ai sorti ma cuiller de son bol de café et je lui ai dit comme ça qu'il ne fallait pas mépriser comme ça les réverbères
Alors une nouvelle fois j'ai pensé c'est con une petite cuiller c'est drôlement con c'est encore plus con qu'un réverbère
et puis j'ai arrêté de penser
j'ai définitivement arrêté de penser pour la journée.


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