beouf le blog

vendredi, juin 09, 2006

Je me réveille.
Là, je me réveille.
C'est pas facile de se réveiller quand on est déjà éveillé.
C'est comme sortir d'une petite ligne,
d'une petite ligne continue,
d'une petite ligne droite et fluide,
continue,
comme le cliquetis d'un vélo sur la route,
exactement comme le cliquetis d'une roue de vélo qui tourne,
qui tourne,
qui tourne comme ça,
qui tourne dans le vide et qui émet un cliquetis en tournant dans le vide
qui tourne sans bouger,
qui suit une ligne,
une petite ligne continue qui ne bouge pas,
qui continue sans bouger, mais qui
clic
mais qui
clic
sur la ligne continue
sur la ligne continue qui continue malgré ce petit clic
qui continue.
C'est ce que je pense quand je me réveille.
Maintenant que je me réveille.
A chaque fois que je me réveille,
je me dis qu'il faudrait que je note ce que je pense :
les premières pensées à mon réveil,
les deux premières phrases qui me viennent à l'esprit quand je me réveille,
avant d'être vraiment éveillé,
avant d'oublier que je viens de me réveiller,
même pas les deux premières phrases : les premières pensées, les premiers bredouillements,
ça
ça serait un journal intime,
avant de les oublier,
avant d'oublier que je suis éveillé,
avant que la roue se mette en marche,
avant que la roue se mette à tourner dans le vide,
les premières pensées quand le réveil se met à sonner,
les premiers mots articulés,
avant de me lever, de me laver, de boire mon café, d'ouvrir la porte d'entrée, de refermer la porte d'entrée, de marcher, d'ouvrir la portière de la voiture, de refermer la portière de la voiture, de mettre la clé dans la voiture, de démarrer la voiture, de partir avec la voiture, de rouler avec la voiture, d'attendre au feu rouge avec la voiture, d'ouvrir la portière de la voiture, de refermer la portière de la voiture, d'ouvrir une autre porte d'entrée, et de la refermer pour la journée,
pour éviter de penser à la roue de mon vélo,
la roue qui roule en roue libre sur mon vélo, qui roule dans le vide et qui émet ce petit cliquetis ce petit cliquètement, ce petit cliquetage quand je me réveille,
qui tourne en roue libre avant que je me lève,
avant que j'oublie que je suis réveillé,
cette petite roue qui tourne,
à chaque fois que je me réveille,
et ça,
écrire ça tous les matins,
ce serait un vrai journal intime,
le vrai journal intime de mon réveil matin.


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