beouf le blog: juin 2006

dimanche, juin 25, 2006

J'ai toujours eu beaucoup d'admiration
pour les aspirateurs,
surtout les Rowenta
(Synergy RS 385).
Quand je ne sais pas quoi faire,
je sors mon Rowenta,
et je passe l'aspirateur,
de partout,
et en passant l'aspirateur
je me dis que j'aspire tout,
j'aspire tout ce qui traîne et qu'il faut aspirer,
et je me rowente un bon coup,
c'est ce que je me dis quand je passe l'aspirateur,
quand je ne sais pas quoi faire,
j'me dis que je me rowente un bon coup en aspirant tout ce qui traîne dans la maison,
et d'aspirer tous les trucs comme ça,
les élevages de poussière et les petits cailloux,
tous les petits trucs qui traînent par terre,
et qui sont heureux de traîner comme ça par terre,
complètement délaissés,
complètement livrés à eux-mêmes,
complètement libres en un sens,
complètement,
comme ça de les aspirer pour me rewenter,
de les aspirer et de les mettre tous dans le même sac,
élevage de poussière et petits cailloux,
mon sac d'aspirateur,
que j'admire encore plus que mon aspirateur,
un vieux RS 385
(Synergy)
avec un bruit d'aérateur,
un vrai bruit de vrai aérateur qui aére vraiment et qui aspire tout,
qui vrombit s'il faut vrombir,
et quand il faut vrombir,
et d'aspirer tout ça,
toutes ces petites particules qui s'assemblent pour faire une masse de poussière,
et les petits cailloux,
et tout,
tout ce qui traîne sans distinction,
ça me rowente,
et ça me rowente à tel point que je me demande si j'aimerais pas être un aspirateur,
un bon vieux RS 385,
pour tout aspirer comme ça,
c'est ce que je me dis quand je ne sais pas quoi faire,
et que mon aspirateur vrombit dans le salon.

mardi, juin 20, 2006

Un travail : des traveaux.

A force de manger des pâtes,
je me demande si je ne suis pas moi-même devenu une grosse pâte,
toute molle et toute collante,
un joli plat de pâtes,
bien cuites,
je me demande si je ne suis pas en train de devenir un vrai plat de nouilles,
j'ai le cerveau tout collant,
complétement tout collant,
à force de manger des pâtes,
complétement,
comme une passoire de spaghetti bien cuits encore chauds tout fumants tout collants,
bien amidonnés,
complétement pâteux,
à force de manger des nouilles,
j'dois avoir la même séquence ADN qu'un spaghetto,
qui s'enroule comme ça autour de la fourchette,
qui s'enroule et s'enroule,
comme ça,
dans sa petite séquence d'ADN,
qui s'enroule dans mon cerveau,
tout seul tout pâteux autour de la fourchette,
tout collant,
la même séquence molle de l'ADN d'une nouille toute dure qui est devenue toute molle,
et qui s'enroule dans mon cerveau,
quand je mange mon plat de pâtes,
qui s'enroule autour de ma fourchette,
et se déroule dans mon cerveau de beouf qui mange des pâtes à longueur de journée,
qui déroule sa petite séquence d'ADN et qui s'enroule dans mon cerveau de petit veau qui mâche des pâtes molles pour se ramollir le cerveau,
pour enlever tout le dur du cerveau,
tous les segments durs du cerveau du veau qui mange des pâtes,
comme ça,
avec sa petite fourchette,
qui est toute dure elle,
qui n'a pas la petite séquence d'ADN de la petite pâte molle,
et qu'il ne faut pas manger pour éviter les séquences dures qui s'enroulent dans le cerveau,
et qui restent dures,
pas comme mon spaghetto,
qui s'enroule dans mon petit cerveau de veau,
comme un beouf tout mou,
un vrai plat de nouilles.

jeudi, juin 15, 2006

Demain, je mange des pâtes.

Se prendre pour un boeuf,
se prendre vraiment pour un boeuf,
pour un vrai boeuf qui se prendrait pour un beouf,
se prendre pour un boeuf qui se prendrait pour un boeuf qui se prendrait pour un beouf,
qui ne se prendrait pas pour un boeuf,
lui,
évidemment,
mais qui se prendrait pour un beouf,
un vrai beouf qui se prendrait pour un beouf,
qui se prendrait lui aussi pour un beouf,
qui ne serait pas un beouf,
un beouf qui ne serait pas un boeuf mais qui se prendrait pour un beouf qui se prend pour un beouf,
comme les autres,
ben ça n'a rien à voir avec mâcher du chewing-gum,
ça n'a strictement aucun rapport avec le fait de mâcher du chewing-gum,
du chewing-gum
du chewing-gum
du chewing-gum
et même pas un chewing-gum qui se prendrait pour un chewing-gum,
qui se prendrait à son tour pour un chewing-gum,
non,
un vrai chewing-gum,
un vrai chewing-gum que j'aurais dans la bouche,
même pas dans ma bouche,
un chewing-gum que j'aurais dans la bouche,
dans une vraie bouche qui se prendrait pour une vraie bouche qui mâche du chewing-gum,
qui l'a sur la langue,
qui l'a,
comme ça,
entre les dents,
un vrai chewing-gum à mâcher continuellement,
dans la bouche qui se prendrait pour une vraie bouche qui ne mâche pas du chewing-gum mais qui mâche du vrai chewing-gum,
et qui ferait des bulles,
des vraies bulles,
des vraies grosses bulles de chewing-gum,
des vraies grosses bulles de vrai chewing-gum qui se prendraient pour des bulles,
pour des bulles d'air,
des grosses bulles d'air emprisonnées dans le chewing-gum,
des vraies bulles d'air emprisonnées dans de vrais chewing-gum,
dans ma bouche,
dans ma vraie bouche de boeuf,
dans ma bouche de boeuf qui se prend pour un boeuf,
qui se prendrait pour un beouf,
un vrai beouf qui mâche du chewing-gum avec des bulles d'air,
des vraies bulles d'air,
des bulles d'air qui éclateraient comme ça,
exactement comme ça,
comme éclatent les bulles d'air,
les vraies bulles d'air prises dans le chewing-gum,
le chewing-gum de la bouche,
le gros vrai chewing-gum de la bouche,
de la grosse bouche qui mâche,
qui mâche
qui mâche
qui mâche
comme une bouche,
comme une bouche mâche,
comme une bouche mâche du chewing-gum pour être une vraie bouche,
une bouche qui se prend pour une vraie bouche,
une vraie bouche qui se prendrait pour une bouche,
et qui mâcherait du chewing-gum,
et des bulles d'air,
plein de bulles d'air dans le chewing-gum,
ben ça n'a rien à voir avec un beouf,
avec un beouf qui se prendrait pour un boeuf,
qui se prendrait lui aussi pour un beouf,
et qui mâcherait des bulles d'air,
continuellement.

vendredi, juin 09, 2006

Just beouf...
(slogan coca-collé)

Je me réveille.
Là, je me réveille.
C'est pas facile de se réveiller quand on est déjà éveillé.
C'est comme sortir d'une petite ligne,
d'une petite ligne continue,
d'une petite ligne droite et fluide,
continue,
comme le cliquetis d'un vélo sur la route,
exactement comme le cliquetis d'une roue de vélo qui tourne,
qui tourne,
qui tourne comme ça,
qui tourne dans le vide et qui émet un cliquetis en tournant dans le vide
qui tourne sans bouger,
qui suit une ligne,
une petite ligne continue qui ne bouge pas,
qui continue sans bouger, mais qui
clic
mais qui
clic
sur la ligne continue
sur la ligne continue qui continue malgré ce petit clic
qui continue.
C'est ce que je pense quand je me réveille.
Maintenant que je me réveille.
A chaque fois que je me réveille,
je me dis qu'il faudrait que je note ce que je pense :
les premières pensées à mon réveil,
les deux premières phrases qui me viennent à l'esprit quand je me réveille,
avant d'être vraiment éveillé,
avant d'oublier que je viens de me réveiller,
même pas les deux premières phrases : les premières pensées, les premiers bredouillements,
ça
ça serait un journal intime,
avant de les oublier,
avant d'oublier que je suis éveillé,
avant que la roue se mette en marche,
avant que la roue se mette à tourner dans le vide,
les premières pensées quand le réveil se met à sonner,
les premiers mots articulés,
avant de me lever, de me laver, de boire mon café, d'ouvrir la porte d'entrée, de refermer la porte d'entrée, de marcher, d'ouvrir la portière de la voiture, de refermer la portière de la voiture, de mettre la clé dans la voiture, de démarrer la voiture, de partir avec la voiture, de rouler avec la voiture, d'attendre au feu rouge avec la voiture, d'ouvrir la portière de la voiture, de refermer la portière de la voiture, d'ouvrir une autre porte d'entrée, et de la refermer pour la journée,
pour éviter de penser à la roue de mon vélo,
la roue qui roule en roue libre sur mon vélo, qui roule dans le vide et qui émet ce petit cliquetis ce petit cliquètement, ce petit cliquetage quand je me réveille,
qui tourne en roue libre avant que je me lève,
avant que j'oublie que je suis réveillé,
cette petite roue qui tourne,
à chaque fois que je me réveille,
et ça,
écrire ça tous les matins,
ce serait un vrai journal intime,
le vrai journal intime de mon réveil matin.


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