beouf le blog: mars 2006

lundi, mars 27, 2006

Demain et après demain : corned beef encore.

Chez moi, j'ai pas de baignoire,
j'ai juste un bac de douche, dans la salle de bains.
J'pourrais m'en fabriquer une,
avec mes cinq kilos de ciment,
mais j'aime pas les bains, et j'aime pas les baignoires,
alors je prends des douches dans ma salle de bains.
J'ai pris beaucoup de douches,
plein de douches,
beaucoup plus de douches que de bains,
des miliers de douches,
quelques bains seulement.
J'ai une forte expérience de la douche,
c'est d'ailleurs la première chose que je regarde en entrant dans ma salle de bains,
parce que ce que j'aime dans ma salle de bains c'est la douche,
alors quand je rentre dans ma salle de bains et que je vois ma douche, parce ce que je suis obligé de voir ma douche dans ma salle de bains, je me dis tiens j'vais pas prendre un bain, j'vais prendre une douche,
et comme ça je me déshabille et je me mets dans le bac de douche, après je tourne les robinets pour que l'eau soit à la meilleure température et je place le pommeau au-dessus de ma tête, et je tire le rideau, et je reste comme ça, à regarder l'eau qui coule sur les carreaux,
j'vois l'eau de ma douche qui coule en haut du pommeau, qui glisse comme ça sur moi, et qui descend dans le caniveau, qui glisse comme ça directement dans le bac de douche, qui reste pas, qui trempe un peu seulement, mais qui glisse tout de suite après, qui s'accroche pas,
alors ça me fait du bien,
ça me fait du bien de voir cette eau qui coule dans ma douche sans rester,
sans s'accorcher comme ça dans ma salle de bains,
juste glisser tourbilloner glisser,
et puis filer,
pour glisser tourbillonner glisser,
dans les tuyaux.
J'me dis même que j'devrais prendre des douches plus souvent.
J'me dis pas que j'aimerais être une douche moi aussi,
mais j'y pense,
je pense que je me dis que je suis une douche,
une douche tout douche,
rien qu'une douche,
avec mes jolis carreaux tout transparents,
et mon p'tit rideau,
au beau milieu de ma salle de bains,
ma salle de bains sans baignoire,
et je me laisserais couler toute seule comme une douche qui coule,
qui coule sur rien,
qui fait que couler, comme ça,
juste pour le plaisir de couler en tant que douche qui coule,
et je servirais vraiment à rien,
et je me sentirais super bien,
à glisser tourbilloner,
glisser,
je me sentirais super bien,
comme douche,
dans une salle de bains.

samedi, mars 25, 2006

J'suis vachement libre.
J'peux faire ce que je veux si je veux.
Dans mon jardin, par exemple, y a un sac,
un beau sac bien dur bien lourd de cinq kilos de ciment,
cinq kilos super lourds super durs à soulever,
et deux brouettes de sable,
ben si je veux je mélange tout ça avec de l'eau et je monte un mur,
comme ça,
hop,
au milieu de mon jardin,
parce que j'suis vachement libre
et que je fais ce que je veux si je veux,
parce que si je veux aussi au lieu de monter un mur, ben je fais une tranchée, comme ça, en creusant le sol de mon jardin,
et je bâtis des fondations,
si je veux,
parce que je suis vachement libre,
avec mon sac de cinq kilos de ciment et mes deux brouettes de sable,
j'peux faire plein de trucs,
j'peux faire un gros tas aussi au milieu du jardin, et mélanger avec de l'eau et puis laisser tout ça en gros tas,
comme ça,
parce que ça serait une image de la liberté vachement libre,
hop,
en plein milieu de mon jardin,
mais si je veux je peux couler une dalle aussi, une belle dalle dans mon jardin, comme ça, en plein milieu, ou même sur un côté si je veux,
parce que je peux vachement de trucs avec mes cinq kilos de ciment,
comme ça,
alors bien sûr je peux faire moins de trucs avec mes cinq kilos que si j'avais mettons un sac de six kilos par exemple, ou même un sac de sept kilos, et des brouettes de graviers,
mais ça n'existe pas les sacs de six ou sept kilos,
c'est la seule petite entrave à ma liberté vachement libre,
mais je peux quand même faire plein de trucs,
avec cinq kilos,
et vachement plus qu'avec un sac de quatre kilos par exemple,
ou même un sac de trois kilos,
ou pas de sac du tout,
j'peux peut-être même monter une balustre, pas deux mais une, ou trois quart d'une balustre, à l'angle de mon jardin,
parce que je suis vachement libre avec mes cinq kilos et mon ciment,
et mes brouettes de sable,
même si je veux je laisse tout en vrac, comme ça,
dans mon jardin.
C'est vachement beau la liberté,
c'est presqu'aussi beau qu'une vache dans un jardin.
Avec un sac de ciment, et du sable et de l'eau,
j'peux peut-être même faire une vache, ou la moitié d'une vache,
au milieu mon jardin,
une belle vache bien grise et bien libre,
libre de cinq kilos,
et de deux brouettes,
vachement lourds à porter et super durs,
comme cinq petits kilos de liberté.

samedi, mars 18, 2006

Demain : corned beef.

Je sais.
Je sais pas.
Je sais pas ce qu'il faut penser.
Je sais pas ce qu'il faut penser de tout ça.
J'ai plus envie de penser.
Je veux plus penser.
Je veux plus penser qu'il faut penser, qu'il faut penser pour penser, pour penser qu'il ne faut pas penser, penser ce qu'il faut penser et ne pas penser, penser pour ne pas penser qu'il faut penser, qu'il faut penser ce qu'il faut penser et ne pas penser, et ce qu'il faut penser de ne pas penser.
Je veux plus penser.
Je veux penser que je pense plus, et à force de le penser ne plus penser, ne plus penser de penser à ne pas penser de penser à tout ça.
Je veux plus penser que je pense, je veux plus penser que je ne pense pas non plus, je ne veux plus penser du tout,
je veux plus penser la pensée, ou penser la pensée de ne pas penser, ou de ne pas penser à la pensée de penser, de penser la pensée pensée qui n'est pas ma pensée ou la pensée qui pourrait être ma pensée, ou ma pensée de penser, de penser ce qu'il faudrait penser, ce qu'il faudrait penser de penser,
parce que j'ai pas de pensée,
j'ai pas de pensée,
je sais pas,
je sais pas ce qu'il faut penser,
je veux plus penser,
pour penser que je pense pas,
et être tout ça,
tout ça que j'arrive pas à penser,
tout ça que j'arrive pas à penser sans penser que j'arrive pas à penser,
pour arrêter de penser,
pour arrêter de penser à tout ça,
pour arrêter.
Je veux plus penser,
je veux plus penser la pensée pensée, et la pensée pas pensée, la pensée pensée pas pensée, et la pensée pensée pas pensée pensée,
je veux plus penser à tout ça,
parce que je sais pas,
je sais pas penser,
je sais pas penser ce qu'il faut penser,
pour penser.
Et penser ce qu'il faut penser pour penser ce qu'il faut penser.
Tout ça.
Je veux plus penser.
J'essaie de ne plus penser.
Je ne pense plus.
C'est facile de ne plus penser.
C'est facile de penser que c'est facile de ne plus penser.
C'est facile.

samedi, mars 11, 2006

Le samedi matin, je fais les courses,
et quand je vais faire mes courses,
le samedi matin,
avec mon caddie et mes sacs recyclables,
je me sens au bout de la chaine,
tout au bout de la chaine alimentaire,
alors forcément je me sens bien,
je me sens bien au bout de la chaine sans trop tirer dessus,
et des fois,
quand je passe comme ça,
en poussant mon petit caddie et mes sacs recyclables,
en bout de chaine,
entre deux rangées de produits surgelés,
qui eux aussi sont dans la chaine,
la même chaine que moi,
au bout de leur chaine comme moi,
sauf que la mienne elle continue encore après,
je me sens tout surgelé aussi,
je me sens sous vide,
je me sens tout bien rangé dans mes rayons,
tout plein d'agents conservateurs,
parce que moi aussi je suis au bout de la chaine,
tout au bout,
tout au bout tout au bout comme eux,
conditionné comme eux qui sont au bout de leur chaine alimentaire aussi,
dans la même chaine que moi,
mais quelques maillons avant dans les rayons,
alors je me mets à tourner
avec mon caddie et ses petites roulettes,
je me mets à tourner comme ça dans le magasin,
avec mes sacs recyclables au milieu des allées,
et je tourne
je tourne,
pour voir si je peux trouver un autre bout de la chaine,
un autre bout plus loin,
et si je peux tirer dessus un peu,
ou si je peux trouver un truc qui ne serait pas dans la chaine,
et puis une fois que j'ai bien fait le tour,
le tour du magasin qui est au bout de la chaine,
comme moi,
je sors avec mon caddie,
et je range mes petits sacs recyclables.
C'est comme ça que je passe mon samedi matin.


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